Quatre maires de grands ports français, Frédéric CUVILLIER, maire de Boulogne-sur-Mer, Edouard PHILIPPE, maire du Havre, Patrick VERGRIETE, maire de Dunkerque, Natacha BOUCHART, maire de Calais ; et Pascal CANFIN, président de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire du Parlement européen, ont signé une tribune dans le Monde le 21 janvier 2021 pour alerter sur les risques environnementaux et sanitaires que ferait porter l’absence d’un contrôle européen coordonnée des produits venant du Royaume-Uni.
Retrouver ci-dessous la tribune :
Depuis le 31 décembre 2020, nous vivons dans l’après-Brexit. Le Royaume-Uni ne fait plus partie de l’Union européenne (UE). Notre histoire commune, l’imbrication de nos économies, l’intensité de nos flux commerciaux, rendent cette relation partenariale très particulière.
Tout autant que la volonté affichée du gouvernement britannique de diverger de nos standards environnementaux et sanitaires comme en témoignent les récentes déclarations des autorités britanniques en faveur du développement des OGM, les grandes difficultés des transporteurs routiers venant du Royaume-Uni à présenter des papiers en règle pour entrer en Europe, ou encore l’autorisation de pesticides néonicotinoïdes en Grande-Bretagne alors qu’ils sont interdits d’utilisation à nos agriculteurs en Europe.
A cela ajoutons que des produits destinés à l’Irlande du Nord, et donc au marché britannique avec ses standards sanitaires et environnementaux divergents, pourraient se retrouver sur le marché européen en passant illégalement par l’Irlande.
Contre une concurrence déloyale
L’organisation des contrôles dans les ports européens les plus concernés par le commerce avec le Royaume-Uni, du Havre à Hambourg, en passant par Calais, Boulogne-sur-Mer ou Dunkerque, est donc déterminante. D’une part, les flux de produits exigent d’intenses contrôles sanitaires et phytosanitaires. D’autre part, le risque d’une concurrence par le bas entre ports européens existe : pour attirer plus de marchandises, et donc de revenus, certains d’entre eux pourraient être tentés de réduire la qualité et la fréquence de leurs contrôles.
Nous avons à cœur de garantir aux citoyens français et européens que ce qu’ils consomment respecte les hauts standards de protection sanitaire assurés par l’Union européenne. Les Européens n’accepteraient pas que des produits contenant des résidus de pesticides trop dangereux et interdits en Europe atterrissent dans leurs assiettes.
Nous ne souhaitons pas plus laisser entrer sur notre territoire des produits alimentaires aux normes moins exigeantes que celles respectées par nos entreprises et nos agriculteurs. Il s’agirait d’une concurrence déloyale inacceptable.
Pour protéger nos intérêts et nos valeurs
Pour s’en assurer, chaque pays de l’Union européenne a renforcé ses capacités douanières, et nous nous en félicitons. Nous demandons toutefois que ce renforcement s’accompagne d’une coordination au-delà des frontières françaises. Nous ne pouvons pas avoir de doutes sur la qualité de notre nourriture. La mise en œuvre de l’accord commercial avec le Royaume-Uni ne peut souffrir aucune différence de traitement entre les ports européens.
Nous demandons donc au gouvernement français, par-delà nos couleurs politiques, de proposer à la Commission européenne et à ses partenaires européens la création d’une force européenne de coordination sanitaire entre les acteurs les plus concernés : les villes et les autorités portuaires du littoral de la Manche et de la mer du Nord, les autorités nationales et européennes.
Cette force permettra d’assurer que la mise en œuvre de l’accord du Brexit soit uniforme et efficace partout en Europe. Nous le devons aux consommateurs, aux agriculteurs et aux entreprises d’Europe. La stratégie de dumping que semble vouloir promouvoir le gouvernement britannique nous renforce dans la conviction que de nouvelles initiatives sont nécessaires pour protéger nos intérêts et nos valeurs.