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8 juillet 2019

Le président de l’ANEL accorde une interview à la Gazette des Communes sur la surveillance des plages

Retrouvez l’interview du président de l’ANEL Jean-François RAPIN, Sénateur du Pas-de-Calais, conseiller régional des Hauts-de-France, par Mathilde ELIE :

297 CRS maîtres-nageurs sauveteurs devraient assurer la surveillance des vacanciers sur les plages cet été. Si ce chiffre est stable par rapport à l’année dernière, cela ne rassure pas pour autant les élus. Ils s’inquiètent de la disparition, à terme, du dispositif, et sont renvoyés à leurs prérogatives par le ministère de l’Intérieur.

Pour combien de temps encore ? C’est la question que se posent les élus du littoral sur la présence des renforts saisonniers de CRS maîtres-nageurs sauveteurs. « En 2018, ils étaient 297. C’est moitié moins qu’en 2008, relève Jean-François Rapin président de l’Association nationale des élus du littoral et sénateur du Pas-de-Calais. C’est dire la baisse drastique ! »

Cette année, ils devraient à nouveau être 297 répartis dans une soixantaine de communes du département du Nord jusqu’au Var, « sur un temps restreint », précise le cabinet du ministère de  l’Intérieur, pour cause de mobilisation sur le Tour de France et le G7. Pourtant, ce chiffre stable n’apaise pas les inquiétudes des élus qui craignent la disparition du dispositif au détriment de la sécurité de leurs administrés. En effet, les CRS maîtres-nageurs sauveteurs sont armés depuis 2016. En plus du secours aux baigneurs et de la prévention des incivilités, ils sont là pour lutter contre la menace terroriste.

Une prérogative du maire

Députés et sénateurs ont déjà interpellé à plusieurs reprises le ministère de l’Intérieur sur le sujet. La dernière réponse du ministère, datée du 7 mai, rappelle que la police des baignades et des activités nautiques est une prérogative du maire, et précise que « celle-ci peut être assurée par tout titulaire d’un brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique ». Une manière donc de renvoyer les élus à leurs devoirs et de les inciter à développer des solutions civiles alternatives.

Plusieurs communes se sont déjà adaptées. A Mimizan (Landes), le maire, Christian Plantier, fait appel depuis 2016 à des maîtres-nageurs sauveteurs privés et rémunérés par la commune. En cas d’incivilité, ces derniers sont en liaison avec la police municipale qui peut intervenir à tout moment. C’est également le cas au Portel (Pas-de-Calais), où le maire Olivier Barbarin embauche des maîtres-nageurs sauveteurs et affecte un policier municipal sur la plage en haute saison pour assurer les pouvoirs de police. A Hendaye (Pyrénées-Atlantiques), la commune a signé une convention avec le Sdis, tandis que la communauté de communes Cœur Côte Fleurie a formé 11 maîtres-nageurs sauveteurs gratuitement, en contrepartie d’un engagement pour trois saisons.

Continuum de sécurité et partenariats

Concernant la disparition du dispositif, une note parue au Journal officiel le 23 avril, précise que « la réflexion sera conduite le moment venu et fera l’objet d’échanges entre le ministère de l’Intérieur et l’ensemble des acteurs concernés ». Pour rappel, cette remise en question est motivée par un rapport de la Cour des comptes de 2012 pointant des « questions juridiques et budgétaires ». L’Etat souligne également le caractère exceptionnel de cette mission qui ne doit pas avoir pour but de « compenser les éventuelles difficultés de recrutement des communes ».

Mais pour les élus, ce n’est pas qu’une question de recrutement… « Les territoires s’organisent comme ils peuvent avec la SNSM, les maîtres-nageurs sauveteurs civils et les Sdis, confirme Jean-François Rapin. Mais cela ne règle pas le problème de la sécurité car cette configuration est dépourvue d’autorité de police judiciaire. Les communes ne peuvent pas forcément déléguer un policier municipal pour tout l’été. » Pour pallier ce manque, Jean-François Rapin avance la possibilité d’instaurer « un régime dérogatoire qui permettrait de délivrer une assermentation temporaire à un agent qui aurait déjà une formation spécifique en termes de sécurité ».

De plus, au-delà du coût supporté par les communes pour la formation des maîtres-nageurs et le poste de secours pour la période estivale, la problématique est humaine. « Les CRS sont formés pour répondre aux situations d’urgence. Ils ont l’habitude de garder leur sang-froid dans des situations de danger dont les maîtres-nageurs sauveteurs civils n’ont pas l’expérience », regrettait Olivier Paz, président de la communauté de communes de Normandie Cabourg Pays d’Auge, dans les colonnes de Ouest-France.

Pour les services de l’Etat, la solution se trouve dans le continuum de sécurité : « Il s’agit de développer une sécurité globale qui s’appuie sur le continuum de sécurité et sur des partenariat et des complémentarités renforcées entre services de police et de gendarmerie, élus locaux, police municipale… », écrit le ministère.

https://www.lagazettedescommunes.com/630168/surveillance-des-plages-les-maires-renvoyes-a-leurs-prerogatives/