Alain Vidalies, Secrétaire d’Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, s’est adressé aux élus du littoral, réuni au Touquet-Paris-plage les 5, 6 et 7 octobre 2016 à l’occasion des Journées Nationales d’Etudes de l’ANEL. Retenu par d’autres engagements, il a souhaité conclure ces Journées d’Etudes dans une vidéo à l’attention des adhérents de l’ANEL.
Vous pouvez retrouver le contenu de son intervention ci-dessous :
« Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs, je ne peux être parmi vous aujourd’hui et je le regrette. Un agenda contraint ne me permet pas de venir vous saluer, de venir saluer la richesse de vos travaux, de vos contributions dont ces nouvelles journées témoignent encore.
Votre matinée a été largement consacrée à la Stratégie Nationale pour la Mer et le Littoral et à la gouvernance. La consultation est dorénavant terminée et il appartient au gouvernement en perspective du prochain Comité interministériel pour la Mer de prendre en considération l’ensemble des réactions sur ce projet. Je crois l’avoir déjà dit devant vous : la politique maritime que vous construisez, que nous construisons, ne saurait oublier aucun territoire, aucune volonté.
Je tiens ainsi à rappeler l’importance du Conseil National de la Mer et des Littoraux, à saluer l’engagement de sa présidente Karine Claireaux et de ses membres, parmi lesquels votre président Jean-François Rapin. Ce conseil a vécu des moments compliqués au cours de ces dernières années, et son renouvellement est une excellente nouvelle. Il s’agit aujourd’hui pour ce conseil d’affirmer son expertise, son expérience, de renforcer sa légitimité dans le domaine maritime.
Je fais toute confiance à Karine Claireaux et aux élus du littoral. Je veux aussi saluer le travail de synthèse entrepris par Catherine Chabaud et son équipe. Il faut le reconnaître, la navigation n’est pas une science facile et Catherine Chabaud a permis de maintenir le cap dans la conduite de la préparation de la stratégie nationale.
Ce qui nous oblige, ce qui nous contraint, c’est une obligation de constance, une perspective de long-terme, et j’adhère à l’idée d’une vision à 15 ou 20 ans, avec une révision périodique. La mer et la politique maritime ne peuvent se contenter d’un constat de l’existant, même si le constat est un préalable indispensable à la réflexion et à une démarche prospective.
Quelques mots sur constat. Concernant le bilan de notre action maritime donc, je retiens d’abord le règlement portuaire : cet accord respecte les principes défendus par la France, à savoir reconnaître la diversité des modèles portuaires en Europe et protéger les services portuaires qui jouent un rôle de sécurité, notamment le pilotage, le remorquage et le lamanage.
Ensuite, il y a l’engagement du gouvernement en faveur de la croissance bleue qui trouve une concrétisation majeure dans l’adoption en 2016 de la proposition de loi pour l’économie bleue portée par le député Arnaud Leroy, avec le soutien actif du gouvernement dans ce travail d’initiative parlementaire. Avec plus de 90 articles, ce texte aborde l’ensemble des enjeux de la France maritime et apporte des avances touchant au transport maritime, à la plaisance, à la pêche, à l’aquaculture, au domaine portuaire, à la sûreté, au droit du travail, ou encore au fonctionnement des équipages.
L’attractivité de nos ports est un enjeu de taille pour notre économie maritime. C’est pourquoi le Premier ministre a confié début 2016 quatre missions parlementaires pour le développement de nos grandes places portuaires autour des axes Seine, Rhône-Saône, Nord, et la façade Atlantique. Nous ne pourrons plus nous offrir le luxe d’aborder le monde séparément si nous voulons être compétitifs. Nous devons, les ports doivent, s’unir pour être à l’international plus compétitifs, pour que le modèle, l’ensemble Ports de France soit mieux armé dans la compétition internationale.
Il y a également la formation : l’ENSM a accueilli à la rentrée un peu plus de 1400 élèves en formation initiale et professionnelle. Cette augmentation est accompagnée d’une augmentation du nombre d’enseignements, et je n’évoque pas les BTS créés en 2014, qui maillent la formation maritime avec une nouvelle ambition.
Enfin, la pêche, les négociations annuelles sur les TAC et quotas de pêche sont un rendez-vous déterminant pour l’ensemble des pêcheurs. Elles permettent de faire entendre la voix de la France pour la défense de ses intérêts, mais aussi celle d’une pêche engagée pour sa durabilité.
La mise en œuvre du FEAMP est une priorité majeure. Nous devons finaliser, avec pragmatisme et réalisme, et en étroite coopération avec les régions, les ultimes étapes techniques permettant les paiements effectifs. J’ai demandé à mes services, pour ce qui les concerne, de mobiliser leurs énergies pour ce dossier prioritaire pour les pêches maritimes et l’aquaculture. Ce travail ne pourra se faire qu’en étroite coopération avec les régions, qui sont responsables d’un nombre important de mesures.
Les propositions que vous formulez pour la SNML sont largement pertinentes, ainsi que celles du Cluster maritime français. Je ne veux pas tomber dans le débat stérile opposant écologie et économie. Mais ce que nous écrivons ici c’est l’avenir du maritime, la photographie de notre ambition pour demain et non pour aujourd’hui. Je tiens à ce titre à souligner l’implication personnelle de Ségolène Royal dans de grandes causes internationales pour la mer, pour placer l’océan à l’agenda de la COP21 et pour que la France pèse dans ces grands débats maritimes au niveau international.
Je reste persuadé, pour ma part, que la première question à se poser est celle de la planification. La stratégie ne pourrait se résumer à une série de cartes qui traitent de l’emploi, de la pêche, de l’environnement, de la culture, du risque, de l’énergie, des loisirs nautiques et de la plaisance.
Je veux terminer mon propos sur la SNML, sur le rôle essentiel des élus et des territoires. Les collectivités, et en particulier les régions n’ont pas attendu l’Etat pour travailler à leur stratégie maritime. La stratégie nationale doit pouvoir venir rassembler ces ambitions, car la stratégie nationale constitue le socle d’une grande politique de l’Etat. La force de cette politique de l’Etat n’est pas dans l’opposition avec les territoires mais dans la complémentarité. Les instances comme la Conférence régionale Mer et Littoral de Bretagne ou le Parlement de la Mer d’Occitanie, témoignent de ce travail intense. Ces structures sont l’expression de cet indispensable besoin de concertation et illustrent la grande œuvre maritime qui nous attend.
Le Comité Interministériel de la Mer de début novembre s’inscrit dans une démarche collective, pour donner des perspectives cohérentes et utiles à notre ambition maritime, pour qu’enfin notre pays assume son statut de deuxième espace maritime du monde. L’ambition maritime de notre pays ne peut se résoudre à l’incantatoire, et doit replacer le marin au cœur du modèle.
Je vous remercie de votre attention et vous souhaite un excellent séjour sur la Côte d’Opale. »